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"Les théoriciens de l’école classique ressemblent à des géomètres euclidiens qui, se trouvant dans un monde non euclidien et constatant qu’en fait les lignes droites qui semblent parallèles se coupent fréquemment, reprocheraient aux lignes leur manque de rectitude, sans remédier autrement aux malencontreuses intersections qui se produisent." J.M. KEYNES, 1936

01 Mar

Le Marché du Travail, suite et fin

Publié par J.D.

Après un très long moment d'absence je finis le sujet sur le marché du travail, enfin !!

L’analyse keynésienne

Dans cette dernière exposition du marché du travail, je ne vais pas vous donner un modèle magique qui rend tout réel et plus clair mais plutôt des bases de réflexion pour comprendre une autre vision du marché du travail, qu’est ce qui ne va pas dans le modèle néo-classique, comment le corriger…

On parle de qui ??

Keynes c’est un auteur du XXème siècle dont la plus grande œuvre s’intitule La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie. Ok ça fait hyper pompeux dit comme ça mais c’est un chouette bouquin ! En fait juste en regardant le titre on peut voir qu’il est en nette fracture avec les néo-classiques, mais ça ce sera pour plus tard… Dans ce petit pavé un peu dur à s’avaler d’une seule traite, il va développer les bases de la macroéconomie moderne en incluant plein de nouvelles notions et en invalidant de très nombreuses théories des classiques. Son ouvrage sort en 1936, juste après la crise de 1929, crise qui ne peut être expliquée par les néo-classiques. En effet on a dans cette crise une hausse du chômage et une baisse des prix. Concrètement ça veut dire que c’est une crise de surproduction. Si vous vous souvenez bien de ce que je disais dans l’article précédent, les néo-classiques raisonnent en partant de l’offre, si je vends des lego (oui vie de merde on est d’accord) y’a forcément un mec qui va me les acheter (ou plusieurs). Alors chez les néo-classiques, une crise de surproduction (c’est-à-dire une crise où la demande est en baisse, donc où il y a moins de consommateurs) c’est impossible.

Il n’a pas fait que cela. Une de ses grandes œuvres s’intitule Les conséquences économiques de la paix et dans ce livre il réagit au contenu du traité de Versailles (Traité qui définit les conditions que l’Allemagne doit respecter après la guerre 14-18). Si vous lisez bien ce qu’il y écrit, il va dire à tout le monde que ce traité c’est bullshit et qu’en faisant payer au peuple allemand des sommes inimaginables après la première GM, c’est évident que l’on va finir avec une deuxième guerre dans la tronche. Alors je ne vous dit pas que Keynes est devin mais juste que le bonhomme est plutôt malin au départ.

Les bases de l’analyse

Keynes raisonne donc sur la demande. La crise de 1929 est due à une insuffisance de cette demande. Bon alors comme ça on ne se rend pas trop compte mais les mecs à l’époque se font un peu dessus parce que personne ne sait vraiment ce qu’il se passe. Bon alors après à partir du début des années 30 on a le new deal de Roosevelt… Blablabla (juste le New Deal ce n’est pas l’idée de Keynes au départ, lui voulait pousser cela beaucoup plus loin, mais j’en dis pas plus parce qu’on en a pour une plombe).

Une hausse de la production va forcément demander une mobilisation plus importante des facteurs de production et du coup ça va réduire le chômage. On fonctionne dans l’autre sens que celui des néo-classiques. Allez c’est l’heure des exemples moisi, t’as une entreprise de bâtiment, et t’as une petite dizaine d’employés (irréaliste mais pourquoi pas), l’Etat fais une commande à ton entreprise pour construire des immeubles de bureaux. Dans ta petite entreprise tu as donc augmenté ta production, il faut que tu emploi des mecs, donc tu distribue plus de revenus et comme t’es blindé tu mets un peu de sous de côté au cas où... Ces gens que tu viens d’employer ils vont consommer, augmenter la demande…

Au cœur de ce phénomène il y a ce que Keynes appelle les effets multiplicateurs. Mais c’est quouuua ??? La base de ces effets multiplicateurs c’est qu’une dépense initiale (un investissement) augmentera le niveau de production qui augmentera par la suite la demande. Je vais vous faire un petit schéma parce que comme ça c’est pas très clair :

Le Marché du Travail, suite et fin

Voilà comment ça marche dans les chiffres. On a une « propension moyenne à consommer » qui est égale à 0.8. C’est simple, si on donne 1 euro à un ménage, celui-ci va dépenser 0.8€ dans sa consommation (en nourriture, en fringues…) et il va mettre 0.2€ de côté pour son épargne. Ce petit calcul on va pouvoir le généraliser et on va imaginer un investissement de 100€. Avec le petit schéma au-dessus on peut déduire que ce circuit va se répéter. Au final avec un investissement de départ de 100, on a une augmentation des richesses distribuées dans l’économie de 500.

Le Marché du Travail, suite et fin

Euh ouais super… Le thème c’est le marché du travail, imbécile

Et bah du coup j’y viens. Une fois qu’on a compris comment raisonnait Keynes, on peut contrer les arguments néo-classiques. « Il faut laisser les marchés tranquilles » et bah non coco il faut que l’Etat intervienne quand ça va pas, pour redistribuer les revenus et pour empêcher que la crise s’accentue encore plus ! Parce que quand tu augmentes les revenus ça veut dire aussi que tu vas diminuer le niveau du chômage !
Donc si on réfléchit bien, peut-être qu’au lieu  de tenter de faire des politiques de rigueur à tout va pour réduire les déficits, limiter l’inflation… Bah l’idée ce serait plutôt d’investir, parce que si personne ne s’en occupe, la croissance elle va pas se créer comme par magie, et donc le chômage va aussi continuer à augmenter.

Petit bilan :
Pour moi (ça vaut ce que ça vaut) les politiques de relance ça se fait au moment où les pays sont en crise et les politiques de rigueur on PEUT en faire quand il y a de la croissance parce que ça plombe toute l’économie. Alors pourquoi on fonctionne à l’envers depuis des années ? Une période de croissance, on y va on dépense. Ola les gars, une crise, on serre la vis les mecs, on dépense plus rien.
Vous pouvez vous dire qu’il n’y a rien de fondé dans ce que je dis, vous pouvez le croire mais le multiplicateur, ça fonctionne pour de vrai (je vous préserve de la démonstration mathématique).

Pour le prochain sujet je vais essayer de vous expliquer ce qu’il s’est passé pour la crise de 2008. Et comme d’habitude je mets bientôt le lexique à jour. Salut à vous !

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"Les théoriciens de l’école classique ressemblent à des géomètres euclidiens qui, se trouvant dans un monde non euclidien et constatant qu’en fait les lignes droites qui semblent parallèles se coupent fréquemment, reprocheraient aux lignes leur manque de rectitude, sans remédier autrement aux malencontreuses intersections qui se produisent." J.M. KEYNES, 1936